Jean Yves Calvez Marx et le marxisme, Une pensĂŠe, une histoire (2006) 

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central d organisation, d autorité et de contrôle. Les régimes issus de la
révolution d Octobre ont cherché à organiser l économie de façon
permanente selon le schéma des mesures provisoires évoquées dans le
Manifeste du Parti communiste, en particulier en instaurant la main-
mise de l État sur tous les biens de production, ce qui revient à instituer
un État bureaucratique, soumis à un parti qui monopolise le pouvoir.
Aussi, même si Marx et Engels estimaient que le pouvoir issu des mesu-
res révolutionnaires initiales perdrait vite son caractère politique, il
apparaît clairement qu en proposant de telles mesures, ils faisaient
naître un mécanisme risquant de produire l effet contraire. C est ainsi
que la proposition du Manifeste concernant ces mesures a eu, para-
doxalement, un effet de consolidation du pouvoir politique.
Et ils ont contribué à une dévaluation du politique en niant d abord la
légitimité de l État puis en le remettant en selle par l idée de mesures
révolutionnaires, fussent-elles provisoires, très étatistes, qui se main-
tiendront au-delà de la révolution.
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Marx et le marxisme
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Le Manifeste et la dictature
Quelques années après la publication du Manifeste, Marx et Engels ont
été surpris par la persistance, avec Napoléon III, d un État vigoureux
existant en lui-même et par lui-même, sans pour autant représenter la
bourgeoisie. « Cette semi-dictature réalise les grands intérêts matériels
de la bourgeoisie mais ne lui laisse aucune part au pouvoir même »,
disait Engels dans une lettre du 13 avril 1866 adressée à Marx. Le
pouvoir politique se maintenait par et pour lui-même, contrairement à
ce qu ils avaient pu affirmer auparavant.
À la fin du XIXe siècle, le social-démocrate Edouard Bernstein rendra
certes sa dignité à la société politique en affirmant qu il est possible de
transformer les relations sociales en s insérant dans la légalité, celle-ci
reposant sur la reconnaissance de l entente et du compromis entre les
citoyens ; le problème est d accepter de vivre l échange participatif au
cSur de cette reconnaissance plutôt que de chercher à prendre le
pouvoir comme s il s agissait d un simple objet ou d un instrument. Et
qui sait si certains propos d Engels (dans son « testament », a-t-on dit,
peu avant sa mort, c est-à-dire dans l introduction de 1895 aux Luttes de
classes en France de Marx) n allaient pas déjà dans cette direction :
Nous, les « révolutionnaires », les « chambardeurs », nous prospérons
beaucoup mieux par les moyens légaux que par les moyens illégaux et
le chambardement. Les partis de l ordre, comme ils se nomment,
périssent de l État légal qu ils ont créé eux-mêmes. Avec Odilon Barrot
ils s écrient désespérés « la légalité nous tue », alors que nous, dans
cette légalité, nous nous faisons des muscles fermes et des joues roses
et nous respirons la jeunesse éternelle !
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C h a p i t r e 3 . L a p o l i t i q u e
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Concl usi on
Tout n était donc peut-être pas joué à jamais du fait des propos
contenus dans le Manifeste du Parti communiste. Toujours est-il
que ces propos ont d abord eu une grande influence, principale-
ment avec Lénine et la révolution soviétique (malgré la méfiance
initiale de Marx et d Engels envers la politique et malgré l insis-
tance à parler de son dépérissement alors même qu ils la
rétablissaient). Il importait de ne pas taire ici cette réserve, voire
cette contradiction, dans la pensée politique de Marx et d Engels,
même si les considérations sur l économie visent, elles, la plus
parfaite réconciliation.
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Marx et le marxisme
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Chapitre 4
L économie
Le capitalisme
Définition
Le capitalisme, c est le système dans lequel les détenteurs du capital
acquièrent des matières et des machines ainsi que de la force de travail
qu ils paient de manière forfaitaire ; ils les mettent en Suvre par le
processus de production, vendent le produit et bénéficient de tout le
fruit de la vente, quelque élevé qu il soit : il y a d un côté des paiements
ou rémunérations fixes ou forfaitaires, et de l autre, un résultat non
défini d avance, susceptible d être très important (il ne l est pas
nécessairement).
Pour subsister, le système capitaliste a besoin de peu de capitalistes et
d un grand nombre de travailleurs, maintenus dans la précarité par la
logique du système. Dans cette logique, le capitaliste est peu
dépendant de l ouvrier en ce sens qu il peut se passer de lui longtemps,
disposant d un capital élevé ou de ses rentes.
Rente :
Rente :
Rente : avantage économique dû à une situation indépendam-
Rente :
ment de toute production. On parle de « rente foncière » dans le
cas de la propriété terrienne.
En revanche, l ouvrier dépend du capitaliste et des fluctuations du
marché, lesquelles affectent d abord les salaires avant de toucher les
profits. L ouvrier est proprement une marchandise : sa valeur est subor-
donnée à la logique de l offre et de la demande. La description de Marx
est largement pertinente encore de nos jours.
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C h a p i t r e 4 . L  é c o n o m i e
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Les trois formes du capital
En face de la propriété foncière (forme archaïque de la propriété), le
capital se présente :
&! soit sous forme d argent (ce n est plus un objet particulier) ;
&! soit comme fortune monétaire bonne à tout (première forme du
capital) ;
&! soit comme capital commercial et comme capital usuraire, c est-à-
dire comme capital engagé dans la production pour produire davan-
tage de capital. [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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