[ Pobierz całość w formacie PDF ]
bas dans le texte, quand le narrateur avoue : « Mais dans mon
misérable cerveau, toujours occupé à chercher midi à quatorze
heures (de quelle fatigante faculté [autrement dit de quel don
(gift : il est doué, gifted)] la nature m'a fait cadeau!) entra
soudainement cette idée qu'une pareille conduite, de la part
de mon ami, n'était excusable que par le désir de créer un
événement... ». (Je souligne ce rapport entre la gratuité du
don et la soudaineté irruptive de l'idée.)
C'est donc la nature qui lui a donné ce cadeau de fortune.
Elle lui a fait don de ce don de travailler de façon fatigante
à chercher ce qui ne se trouve pas au lieu où cela devrait
naturellement se trouver. La nature l'a doté de ce don de
chercher ce qui ne vient pas naturellement à sa place. Voilà
une sorte de don contre-nature de la nature pour chercher,
c'est-à-dire pour interroger, questionner, demander, désirer
contre la tendance naturelle. Ce hasard, cette chance de nais-
sance, lui donne par grâce fortuite de quoi aller apparemment
contre la nature, artificiellement, artificieusement, laborieuse-
ment, en travaillant dur. Il y a un paradoxe supplémentaire
à ce don naturel du contre-nature : au terme d'une occupation
laborieuse de son esprit « toujours occupé à chercher midi à
quatorze heures », une idée lui vient, « soudainement ». Elle
1. Cf. « Le facteur de la vérité » in La carte postale (o.c.) p. 515 sq.
161
Donner le temps
survient non pas comme fruit du travail, mais de façon plutôt
inopinée, imprévisible, en discontinuité avec le labeur qui l'a
précédé. Elle est donnée gratuitement et fortuitement, comme
par rencontre : « Mais dans mon misérable cerveau, toujours
occupé à chercher midi à quatorze heures (de quelle fatigante
faculté la nature m'a fait cadeau!) entra soudainement cette
idée qu'une pareille conduite, de la part de mon ami, n'était
excusable que par le désir de créer un événement dans la vie
de ce pauvre diable, peut-être même [fors, forte...] de connaître
les conséquences diverses, funestes ou autres, que peut engen-
drer une pièce fausse dans la main d'un mendiant... » Sous
le signe de ce peut-être se déploient alors toutes les conséquences
imprévisibles de l'événement provoqué par la fausse monnaie
de son ami.
Cette unité de la fortune et de la nature, du sort (fors) et
de ce qui donne généreusement à la naissance (à la nature,
peut-être à la nation), c'est une alliance qui domine tout le
discours du narrateur et y provoque les effets les plus para-
doxaux. Puisque nous parlons de « paradoxe », rappelons ici
que Baudelaire avait projeté d'intituler une nouvelle « Le
paradoxe de l'aumône » et que certains de ses éditeurs sont
prêts à y voir le premier titre de La fausse monnaie. Tous ces
paradoxes sont programmés par le concept (l'histoire du
concept) de nature et d'abord de physis. L'histoire de ce concept
de nature a un rapport essentiel au don. Et cela de deux
manières : physis naturante, originaire et productrice, la nature
peut être d'une part la grande, généreuse et géniale donatrice
à laquelle tout revient, si bien que tous les autres de la nature
(art, convention, loi (nomos, thesis), liberté, société, histoire,
esprit, etc.) reviennent à elle, sont encore elle-même en diffé-
rance; et d'autre part, disons après une époque « cartésienne »,
la nature peut être l'ordre des nécessités dites naturelles
précisément par opposition à l'art, à la loi (nomos), à la liberté,
à la société, à l'histoire, à l'esprit, etc. : alors le naturel est
162
L'excuse et le pardon
encore référé au don mais cette fois dans la forme du donné.
Nous ne pourrons ici aller au-delà de ce schéma ¹. Au concept
de physis on peut aussi allier celui de production. Comme celui
du travail, le concept de production peut parfois s'opposer au
sens dérivé (post-« cartésien ») de naturalité et parfois aussi à
la valeur de don : le produit n'est pas le donné, et le produire
semble alors exclure la donation. Mais le phuein de la physis,
n'est-ce pas d'abord la donation de ce qui donne naissance,
la productivité originaire qui engendre, fait pousser ou croître,
porte au jour et à l'épanouissement? N'est-ce pas ce qui donne
forme, et, portant les choses vers la phénoménalité du jour,
dévoile ou développe la vérité de ce qu'elle donne? de cela
[ Pobierz całość w formacie PDF ]
© 2009 Silni rzÄ…dzÄ…, sÅ‚abych rzuca siÄ™ na pożarcie, ci poÅ›redni gdzieÅ› tam przemykajÄ… niezauważeni jak pierd-cichacz. - Ceske - Sjezdovky .cz. Design downloaded from free website templates