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lard.
L'Alaska, toujours remorqué par la banquise, était alors par le 40e degré de longitude est,
sur le 74e parallèle, c'est-à-dire qu'il avait laissé derrière lui la Nouvelle-Zemble, en la
dépassant au nord.
Le radeau de glace était à ce moment réduit de près de moitié, et le reste, craquelé par le
soleil, traverse de fissures de plus en plus profondes, approchait manifestement de la
décomposition. Le moment venait où cette grande île allait se résoudre en « drift-ices ». Erik
ne voulut pas l'attendre. Il fit lever l'ancre et mettre le cap droit à l'ouest.
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L épave du Cynthia Jules Verne
Le lard de morse, immédiatement utilisé dans le foyer ad hoc que portait l'Alaska,
concurremment avec une faible proportion de houille, se trouva un combustible excellent. Son
seul défaut était d'encrasser la cheminée et de nécessiter un nettoyage quotidien. Quant à son
odeur qui aurait sans doute impressionné désagréablement des passagers méridionaux, elle
n'était pour un équipage suédois et norvégien qu'un inconvénient très secondaire.
Toujours est-il que, grâce à ce supplément, l'Alaska put rester sous vapeur jusqu'à la
dernière heure, franchir rapidement, malgré les vents contraires, la distance qui le séparait
encore des mers d'Europe et arriver, le 5 septembre, en vue du Cap-Nord de Norvège, sans
même s'arrêter à Tromsoë, comme il l'aurait pu, en cas de besoin il poursuivit activement sa
route, contourna la péninsule scandinave, repassa le Skager-Ragg et revint à son point de
départ. Le 14 septembre, il jetait l'ancre devant Stockholm, dans les eaux mêmes qu'il avait
quittées le 10 février précédent.
Ainsi se trouvait accompli, en sept mois et quatre jours, le premier périple circumpolaire,
par un navigateur de vingt-deux ans.
Ce tour de force géographique, qui venait compléter et contrôler si promptement la grande
expédition de Nordenskiold, devait bientôt avoir dans le monde un retentissement prodigieux.
Mais, pour le moment, les journaux et revues n'en avaient pas encore expliqué les mérites.
Quelques initiés à peine étaient en état de les apprécier et une personne au moins n'avait garde
de les soupçonner, c'était Kajsa.
Il fallait voir le sourire de supériorité avec lequel elle accueillit le récit du voyage.
S'il y a du bon sens à s'en aller volontairement s'exposer à des dangers pareils !, dit-elle
pour tout commentaire.
Sans compter qu'à la première occasion elle ne manqua pas d'ajouter à l'adresse d'Erik :
Enfin, nous voilà toujours débarrassés de cette ennuyeuse affaire, maintenant que le
fameux Irlandais est mort !
Quelle différence de ce jugement sec et froid avec la lettre pleine d'effusions et de
tendresses qu'Erik reçut bientôt de Noroë ! Vanda lui contait dans quelles transes elle et sa
mère avaient passé ces longs mois, comme leur pensée n'avait pas cessé d'être avec les
voyageurs, comme elles étaient heureuses de les voir enfin revenus à bon port !& Si
l'expédition n'avait pas eu tous les résultats qu'en attendait Erik, il ne fallait pas s'en affliger
outre mesure. Erik savait bien qu'à défaut de sa véritable famille il en avait une dans le pauvre
village norvégien, qui l'aimait tendrement et s'associait toujours à lui par la pensée. Ne
viendrait-il pas bientôt la revoir, cette famille, qui le considérait toujours comme sien et qui
ne voulait pas renoncer à lui ? Il pourrait bien, s'il en cherchait le moyen, trouver un petit mois
à lui donner !& C'était le vSu le plus cher de sa mère adoptive et de sa petite sSur Vanda,
etc., etc.
Tout cela, enveloppant trois jolies fleurettes cueillies au bord du fiord, et dans le parfum
desquelles il semblait à Erik qu'il retrouvait toute son enfance insouciante et gaie. Ah ! que
ces choses étaient douces à son pauvre cSur désappointé et qu'elles lui faisaient porter
légèrement le déboires final de son expédition !
Bientôt, pourtant, il fallut se rendre à l'évidence. Le voyage de l'Alaska était un événement
qui égalait en grandeur celui de la Véga. Le nom d'Erik était associé de toutes parts au nom
glorieux de Nordenskiold. Les journaux ne parlaient plus que du nouveau périple. Les navires
de toutes les nations, mouillés à Stockholm, s'entendaient un peu pour se pavoiser en
l'honneur de cette victoire nautique. Erik, surpris et confus, se voyait accueilli partout par les
ovations réservées aux triomphateurs. Les Sociétés savantes venaient en corps souhaiter la
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bienvenue au commandant et à l'équipage de l'Alaska, les pouvoirs publics proposaient pour
eux une récompense nationale.
Tous ces éloges et ce bruit gênaient Erik. Il avait conscience d'avoir principalement obéi,
dans son entreprise, à des considérations d'ordre personnel, et se faisait scrupule de récolter
une gloire qu'il trouvait au moins exagérée. Aussi saisit-il la première occasion qui se présenta
de dire franchement ce qu'il était allé chercher dans les mers polaires, sans l'avoir trouvé
d'ailleurs, le secret de sa naissance, de son origine, du naufrage du Cynthia.
L'occasion se présenta sous la figure d'un personnage imberbe, haut comme une botte, vif
comme un écureuil attaché en qualité de reporter à l'un des principaux journaux de
Stockholm, et qui se présenta à bord de l'Alaska pour solliciter la faveur d'une « entrevue
personnelle » avec le jeune commandant. Le but de l'intelligent gazetier, disons-le bien vite,
était tout uniment de soutirer à sa victime les éléments d'une biographie de cent lignes. Il ne
pouvait tomber sur un sujet mieux disposé à se soumettre à la vivisection. Erik avait soif de
dire la vérité et de proclamer qu'il ne méritait pas d'être pris pour un Christophe Colomb.
Il conta donc tout sans réticence, refit son histoire expliqua comment il avait été recueilli
en mer par un pauvre pêcheur de Noroë, élevé par M. Malarius, amené à Stockholm par le
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