verne_archipel_en_feu 

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qu il en ressentît, le commandant d Albaret dut renoncer à tout
espoir de le découvrir. Il s était donc décidé à venir mouiller
dans le port d Arkassa. Là, il n avait plus qu à attendre.
Le lendemain, entre trois heures et cinq heures du soir, la
petite ville d Arkassa allait être envahie par une grande partie de
la population de l île, sans parler des étrangers, européens ou
asiatiques, dont le concours ne pouvait faire défaut à cette occa-
sion. C était, en effet, jour de grand marché. De misérables
êtres, de tout âge et de toute condition, récemment faits prison-
niers par les Turcs, devaient y être mis en vente.
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À cette époque, il y avait à Arkassa un bazar particulier,
destiné à ce genre d opération, un « batistan », tel qu il s en
trouve en certaines villes des États barbaresques. Ce batistan
contenait alors une centaine de prisonniers, hommes, femmes,
enfants, solde des dernières razzias faites dans le Péloponnèse.
Entassés pêle-mêle au milieu d une cour sans ombre, sous un
soleil encore ardent, leurs vêtements en lambeaux, leur attitude
désolée, leur physionomie de désespérés, disaient tout ce qu ils
avaient souffert. À peine nourris et mal, à peine abreuvés et
d une eau trouble, ces malheureux s étaient réunis par familles
jusqu au moment où le caprice des acheteurs allait séparer les
femmes des maris, les enfants de leurs père et mère. Ils eussent
inspiré la plus profonde pitié à tous autres qu à ces cruels « ba-
chis », leurs gardiens, que nulle douleur ne savait plus émou-
voir. Et ces tortures, qu étaient-elles auprès de celles qui les at-
tendaient dans les seize bagnes d Alger, de Tunis, de Tripoli, où
la mort faisait si rapidement des vides qu il fallait les combler
sans cesse ?
Cependant, toute espérance de redevenir libres n était pas
enlevée à ces captifs. Si les acheteurs faisaient une bonne affaire
en les achetant, ils n en faisaient pas une moins bonne en les
rendant à la liberté  pour un très haut prix  surtout ceux dont
la valeur se basait sur une certaine situation sociale en leur pays
de naissance. Un grand nombre étaient ainsi arrachés à
l esclavage, soit par rédemption publique, lorsque c était l État
qui les revendait avant leur départ, soit quand les propriétaires
traitaient directement avec les familles, soit enfin lorsque les
religieux de la Merci, riches des quêtes qu ils avaient faites dans
toute l Europe, venaient les délivrer jusque dans les principaux
centres de la Barbarie. Souvent aussi, des particuliers, animés
du même esprit de charité, consacraient une partie de leur for-
tune à cette Suvre de bienfaisance. En ces derniers temps,
même, des sommes considérables, dont la provenance était in-
connue, avaient été employées à ces rachats, mais plus spécia-
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lement au profit des esclaves d origine grecque, que les chances
de la guerre avaient livrés depuis six ans aux courtiers de
l Afrique et de l Asie Mineure.
Le marché d Arkassa se faisait aux enchères publiques.
Tous, étrangers et indigènes, y pouvaient prendre part ; mais, ce
jour-là, comme les traitants ne venaient opérer que pour le
compte des bagnes de la Barbarie, il n y avait qu un seul lot de
captifs. Suivant que ce lot échoirait à tel ou tel courtier, il serait
dirigé sur Alger, Tripoli ou Tunis.
Néanmoins, il existait deux catégories de prisonniers. Les
uns venaient du Péloponnèse  c étaient les plus nombreux. Les
autres avaient été récemment pris à bord d un navire grec, qui
les ramenait de Tunis à Scarpanto, d où ils devaient être rapa-
triés en leur pays d origine.
Ces pauvres gens, destinés à tant de misères, ce serait la
dernière enchère qui déciderait de leur sort, et l on pouvait su-
renchérir tant que cinq heures n étaient pas sonnées. Le coup de
canon de la citadelle d Arkassa, en assurant la fermeture du
port, arrêtait en même temps les dernières mises à prix du mar-
ché.
Donc, ce 3 septembre, les courtiers ne manquaient point
autour du batistan. Il y avait de nombreux agents venus de
Smyrne et autres points voisins de l Asie Mineure, qui, ainsi
qu il a été dit, agissaient tous pour le compte des États barba-
resques.
Cet empressement n était que trop explicable. En effet, les
derniers événements faisaient pressentir une prochaine fin de la
guerre de l Indépendance. Ibrahim était refoulé dans le Pélo-
ponnèse, tandis que le maréchal Maison venait de débarquer en
Morée avec un corps expéditionnaire de deux mille Français.
L exportation des prisonniers allait donc être notablement ré-
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duite à l avenir. Aussi leur valeur vénale devait-elle s accroître
d autant plus, à l extrême satisfaction du cadi.
Pendant la matinée, les courtiers avaient visité le batistan,
et ils savaient à quoi s en tenir sur la quantité ou la qualité des
captifs, dont le lot atteindrait sans doute de très hauts prix.
« Par Mahomet ! répétait un agent de Smyrne, qui pérorait
au milieu d un groupe de ses confrères, l époque des belles affai-
res est passée ! Vous souvenez-vous du temps où les navires [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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